Les mille et une façons de se dire bonjour

Les mille et une façons de se dire bonjour

Par Emmanuelle Bons

Se saluer est un art subtil, un premier pas vers l’autre où se mêlent codes sociaux, héritages culturels et expressions de soi. Pourtant, il varie considérablement selon les cultures, reflétant des codes sociaux, des sensibilités et parfois même une certaine philosophie de la vie. Du geste mesuré à l’accolade enthousiaste, du contact physique aux salutations purement verbales, chaque façon de se dire bonjour raconte quelque chose de profond sur la société qui l’adopte. Voyage au cœur de ces rituels qui, derrière leur apparente simplicité, sont tout sauf anodins.

La statue de Nelson Mandela à Prétoria, en Afrique du Sud
La statue de Nelson Mandela à Prétoria, en Afrique du Sud © C. Chenu

Quand la distance fait le respect

Dans de nombreuses cultures asiatiques, la politesse s'exprime par une forme de retenue : on salue sans se toucher, privilégiant la révérence ou le geste codifié. Au Japon, l’inclinaison du buste (ojigi) obéit à un protocole précis : plus l’angle est prononcé, plus le respect est marqué. En Inde, le traditionnel namaste – mains jointes et légère inclinaison – traduit à la fois une marque de considération et une reconnaissance spirituelle de l’autre. Ces salutations, empreintes de pudeur et de respect, instaurent une forme d’harmonie en limitant l’intrusion dans l’espace personnel.

L’accolade et le contact : un lien physique avant tout

À l’opposé, dans de nombreuses cultures méditerranéennes, sud-américaines ou africaines, se dire bonjour passe par le contact. Une poignée de main appuyée, une embrassade chaleureuse, voire plusieurs bises sont monnaie courante. En France, le nombre de bises varie selon les régions, tandis qu’au Mexique ou en Argentine, une simple accolade peut rapidement se transformer en véritable étreinte. Dans ces sociétés où le lien social prime, le salut ne se limite pas à un échange de mots : il s’inscrit dans le corps, dans la proximité, dans une spontanéité qui traduit une ouverture à l’autre.

Les salutations parlées : la force du verbe

Si certains peuples privilégient le geste, d’autres misent sur la parole pour exprimer la convivialité. Dans les pays anglo-saxons, un simple hi ou how are you? peut suffire, sans nécessiter de contact. En Afrique de l’Ouest, le rituel du salut peut s’étirer sur plusieurs minutes, chacun prenant le temps de demander des nouvelles de la famille, du travail, de la santé, dans un échange presque cérémoniel. Au Moyen-Orient, les salutations sont souvent empreintes de bienveillance et de bénédictions, à l’image du salam alaykoum, qui signifie “que la paix soit sur toi”. Ici, dire bonjour ne se réduit pas à une simple formule : c’est une manière d’inscrire l’autre dans une relation, de reconnaître son existence et de lui souhaiter le meilleur.

Que l’on s’incline, que l’on s’embrasse ou que l’on échange quelques mots, le salut est bien plus qu’une formalité. Il est le reflet d’une culture, d’une manière d’être au monde, et d’une conception du lien social. Et si, au fond, la diversité de ces rituels nous rappelait une chose essentielle : au-delà des différences, l’envie de se rencontrer reste universelle ?

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